Tentative de fuite numéro un.

( Pour Sasha Connelli. )

Un espace culture… probablement le seul endroit ou les grosses brutes épaisses de l’endroit ne viendraient pas. Enfin la paix des gros tas de muscles qui passent leur temps à bousculer Suki en se moquant de lui. Non mais c’est que ça venait lourd, après un petit bout de temps… Il entra donc dans la salle, son gardien sur les talons. Soudainement, il se retourna et dit d’un ton froid à l’adresse de son gorille personnel :

'' J’crois que j’suis capable de lire tout seul. ''

L’homme sembla mettre quelques secondes à réagir, pas vite-vite celui là. Finalement, il approuva d’un mouvement de tête et alla s’asseoir avec d’autres gardiens à une table à part. L’asiatique laissa échapper un soupir de soulagement, puis se dirigea entre les étagères. Il parcouru les titres du doigt, les lisant sans trop les lires, comme pour tuer le temps. Il soupira de nouveau, et le nippon pris un livre au hasard. Il l’ouvrit, s’agenouilla au sol et le feuilleta fébrilement, sans le lire. Son esprit était ailleurs. Jusqu’à ce qu’il tombe sur une page gardée par un trombone.

Un trombone…

Une lueur brilla dans ses yeux noirs. Il enleva le trombone, le serra dans sa main tremblante, comme pour s’assurer qu’il était bien réel. Tout excité par sa découverte, il le déplia, et forma un crochet en pliant le bout. Il jeta un coup d’œil aux alentours. Apparemment personne… Suki tenta de crocheter la serrure de ses menottes avec sa clé improvisée. Après plusieurs minutes, découragé, il laissa tomber le trombone au sol en gémissant faiblement. Il le fixa, le regard vide, avant de le reprendre. Il prit un autre livre, puis un autre, avant de tomber sur un bouquin aussi gardé par un trombone. Un minuscule sourire au coin des lèvres, il le prit et tenta de former une autre clé avec le trombone déjà tout tordu. Il emmêla soigneusement les deux. Il avait de vraies mains de fille, ce qui lui facilitait grandement la tâche, car il était ainsi beaucoup plus agile de ses mains que n’importe quel gros rustre qui vit ici.

Péniblement, il fit une autre tentative avec son nouvel instrument. Après s’être tordu les poignets dans tous les sens pour tenter de crocheter la serrure, un petit déclic se fit entendre. Il fit son possible pour ne pas crier de joie. Première victoire… Il secoua un peu son poignet, et la menotte se décrocha. Il retient son souffle, elle tomba sur ses genoux, sans un bruit. Il balaya la salle du regard. Avec sa main libre, il ouvrit l’autre menotte et les déposa entre deux livres. Le japonais massa vigoureusement ses poignets endoloris, un sourire de satisfaction aux lèvres. Il préparait déjà sa fuite. Il voulait faire ça discrètement, puisque de toute façon, il ne pourrait jamais se battre contre un seul de ces gardes. Le japonais pris son nouvel instrument et le glissa derrière son oreille, là ou les gardiens n'iraient pas fouiller. Il prit son livre en cachant soigneusement ses poignets enfin libre sous le bouquin, mimant la lecture, mijotant un plan.

Un bruit de chaîne, une chaise qui râcle le sol. Suki ne détourna même pas le regard du bouquin, bien qu’il ne le lisait pas. Il réfléchissait intensément. À un moment ou l’autre, son garde viendrait regarder ce qu’il fait, ou il viendrait le chercher pour l’heure du repas, un truc du genre. Il fallait faire vite. Un bruit de pas lourd qui s’approche. Une voix basse, rauque, à son oreille. Suki sursauta légèrement, levant les yeux sur… le fouteur de troubles de la place. Enfin, il se l’était pas encore mis à dos celui-là, et croyait savoir que ce dernier ne lui ferait pas de mal si Suki ne lui en avait pas fait. Il se méfiait peu de ce type. N’empêche, ses chaînes, c’était pas ce qu’il y avait de plus subtil. Il fronça les sourcils, le regardant droit dans les yeux, d’un air de dire ‘’tu pourrais pas faire moins d’bruit ? ‘’.

Il prit conscience de ce que Connelli venait de lui dire. Pourquoi il lui disait ça ? Tsss. Il ne répondit pas. L’asiatique demanda simplement, chuchotant d’un ton neutre :

'' Tu saurais pas ou il y aurait un point faible dans l’établissement ? ''

Le nippon ne savait pas s’il avait tout vu, mais il se doutait que oui, alors pourquoi jouer la comédie… Un bruit de pas sur la droite. Il tourna la tête, merde, c’était son gardien. Il cacha soigneusement ses poignets alors que le poids lourd tournait l’angle du rayon de bibliothèque.

'' Qu’est-ce qui se passe ici ? ''

''Mais rien m’sieur, j’lis…''

Sur ces mots, le garde le regarda encore quelques secondes avant de retourner à sa place. Une fois qu’il fut disparu, Suki murmura d’une voix dégoûtée :

''Gros con. Y passe son temps à matter mon cul c’pédé… ''

Complètement découragé, il soupira, continuant de feuilleter son livre dans l'espoir de trouver une quelconque inspiration pour sa fuite.